Postillons

Un "best of" des Postillons parus sur www.asymptomatique.be


DES CHIFFRES ET DES LETTRES

25 février 2021

 

La démonstration scientifique d’Alexander De Croo n’ayant que modérément convaincu, le gouvernement a décidé dans le plus grand secret (mais rien n’échappe à l’Asymptomatique) de faire appel à la toute fraîche Poète nationale (eh oui, je vous avais caché cette promotion!) pour communiquer sur les perspectives que toustes attendent avec impatience. Voici donc, en avant-première et en rimes, ce qui nous attend, mois par mois.

En mars,
les chiens aboient, le gouvernement passe

En avril,
il ne déconfinera pas d’un fil

En mai,
il fera ce qui lui plaît

En juin,
une première occasion de se bourrer le groin

En juillet,
on pourra peut-être se dérouiller
(ou prendre une dérouillée en cas de manif non autorisée)

En août,
rendez-vous au stade de foot

En septembre,
apéro au Bois de la Cambre (version Bruxelles)
un plongeon dans la Sambre (version Wallonie)
in september, allen in de Dender (version Flandre)

En octobre,
pause pour redevenir sobres

En novembre,
nouveau vaccin ou nouveau nouveau variant, on en tremble!

En décembre,
de l’équipe de 11 millions, redevenons membres!


Mais en deux mille vingt-deux,
en 2022, promis juré,
on s’éclate enfin, cré vingt dieux!

 

Alors, de la science ou de la poésie, qui emporte l’adhésion ?

 

 

 

MADAME IRMA, VIROLOGUE

19 février 2021

Entrez, entrez, bonnes gens ! Si les foires n’ont pas le droit de vous offrir leurs multiples attractions, la grande tente des voyant·es extralucides reste ouverte, et Marc, Steven, Emmanuel, Erika et quelques autres se relaient autour de leur boule de cristal ! Car si “gouverner c’est prévoir”, on peut dire à l’inverse que “prévoir c’est gouverner”, gouverner nos angoisses, nos espoirs, nos révoltes peut-être !
Attention ! J’ai le plus grand respect pour les scientifiques, leurs analyses et leurs mises en garde, à partir de ce qu’ils/elles savent et que nous ne savons pas. Le problème, c’est quand leur ignorance est proche de la nôtre mais que leur discours, lui, assène des prévisions largement médiatisées, alors que leur démenti par les faits reste beaucoup plus discret.
Un exemple récent ? Le 28 janvier, cette mise en garde tournait dans un grand nombre de médias : “Le nouveau variant devrait atteindre 90 % des nouvelles infections en Belgique d’ici la fin février“. Explication : “C’est en tout cas ce que prédisent Emmanuel André et Marc Van Ranst dans un rapport du laboratoire de référence de l’UZ Leuven et de la KU Leuven“. Un “rapport de référence”, voilà qui sonne sérieux, pas vrai !  Ce variant anglais serait plus contagieux de “65%” : la précision du chiffre est censée souligner, elle aussi, la scientificité de la mesure.
Et voilà que le 18 février, à peine trois semaines plus tard, sans attendre que la prédiction se réalise, le non moins référentiel Steven Van Gucht annonce que La variante anglaise apparaîtra dans une infection sur deux au début du mois de mars”. On pourrait s’amuser à appliquer une règle de trois (ou de Troie, comme le cheval?) : si le variant anglais représente 90% fin février et 50% début mars, calculez à quel date il aura complètement disparu… 
Autant que les scientifiques, je respecte les médias et le travail des journalistes, enfin certain·es qui font leur boulot. Mais je ne peux que constater leur manque de volonté à confronter toustes ces Irmo et Irma au démenti de leurs prévisions. Alors, Emmanuel, paraît qu’on est déjà dans la troisième vague, hmmm… ? Et alors, Marc, vous avez des nouvelles de ce grand nombre de manifestant·es qui allaient tomber malades après la manifestation antiraciste du 7 juin ? Et alors, Erika, elle en est où, cette ” nette augmentation du risque de propagation“, une semaine après la réouverture des salons de coiffure ?
On pourrait continuer, mais je m’arrête là.
Par contre, toujours pas d’inquiétude ni de la part des scientifiques, ni de la part des médias, devant ces vrais clusters que sont les clubs de foot. Ce 18 février, à l’occasion du match contre Kiev, on apprenait qu’une demi-douzaine de joueurs et une grande partie du staff du FC Bruges étaient testés positifs. Vous croyez que ça va inquiéter quiconque sur un “risque de propagation” et remettre en question le sport de haut niveau… ?


Allez, plus que sept fois dormir et on saura ce que le gouvernement nous prépare comme perspectives… Mais attention ! Pour Steven Van Gucht, assouplir maintenant c’est “se tirer une balle dans le pied“. Marc Van Ranst, lui, affirme que le gouvernement a le choix sur ce qui “peut être fait en premier: retourner au café ou visiter mamie“. Sachez-le, gens de l’Horeca : au lieu de vous en prendre au gouvernement, d’envoyer lettres et paquets au premier ministre, tournez votre colère vers la seule responsable de vos malheurs : cette “mamie” qui exige qu’on lui rende visite, faute de quoi elle menace de commencer une grève de la faim.

 

 

 

UNE SERINGUE DANS L’OEIL

12 février 2021

 

Il était assez amusant, cette semaine, de constater à quel point les médias prenaient soin de traiter à part deux informations concernant la Russie de Poutine: d’une part, dans la rubrique «Politique étrangère», la condamnation à la prison d’Alexei Navalny et les arrestations massives des participant·es aux manifestations en sa faveur; d’autre part, dans la rubrique «Vaccinologie», la reconnaissance par le monde scientifique des qualités du vaccin Spoutnik V. C’est que sur le premier point, l’Europe fait de gros yeux à la Russie, brandissant des menaces de boycott commercial; tandis que sur le deuxième, elle se prépare à organiser de tout aussi grosses commandes, dans l’espoir de compenser les retards de livraison des firmes déjà adoubées (retards qui ont tout de même l’avantage d’écarter le risque de pénurie de seringues).


Il a fallu plusieurs jours pour que le lien soit fait, notamment dans le journal d’Arte où cette collision d’infos était qualifiée de « savoureuse », puis dans une chronique de Bertrand Henne se demandant si l’on pouvait «séparer le vaccin de l’artiste».


« Realpolitik », dira-t-on. Après tout, le sort des Ouïghours, mille fois dénoncé, n’empêche nullement les importations de Chine (y compris de produits fabriqués sous la contrainte par ces mêmes Ouïghours), au point qu’on en arrive à manquer de containers pour le transport. Les ventes d’armes à l’Arabie Saoudite n’empêchent pas des indignations ponctuelles quant à l’usage qui en est fait (ben quoi, on pensait qu’elles étaient juste destinées à faire de la figuration au Musée de l’Armement de Ryad). Mais on peut penser qu’avec le Covid et l’affolement qu’il sème, l’Europe qui a bien du mal à se débrouiller par elle-même est prête à aller un cran plus loin. Chiche qu’un éventuel Kim-Il-Vax, à condition d’être approuvé par The Lancet, rendrait la Corée du Nord fréquentable, malgré ses quelques accrocs aux droits humains; ou même qu’un Donald V, financé par un milliardaire américain actuellement, suffirait à redresser l’image du Trumpisme en déroute…


Mais en réalité, s’il est facile de ricaner de cette façon de se tortiller maladroitement face à la Russie, on en oublierait presque les doses de couleuvres que les grandes firmes pharmaceutiques ont réussi, elles aussi, à glisser dans la seringue. Parce que, tant qu’à parler  démocratie» et «contrôle démocratique»… Contrats ultrasecrets, prix fixés unilatéralement, livraisons chaotiques (et même parfois KO-tiques) sans risque de sanctions financières, bénéfices faramineux et pratiques sociales sans contrôle… entre les « BigPharma » et la Russie, on se demande qui a les mains les plus libres, dans leur domaine respectif.


Tenez, la sympathique société Sanofi, bien qu’en retard de mise au point de «son» vaccin, s’apprête à distribuer des milliards de dividendes tout en supprimant des centaines d’emplois dans la recherche. C’est qu’il faut «récompenser la prise de risque des actionnaires», dixit son CEO – les employé·es n’ayant pas pris d’autre «risque» que de donner le meilleur d’eux/elles-mêmes pour une boîte qui s’en débarrasserait sans états d’âme. Mais Sanofi, outre qu’elle va (peut-être) finir par les mettre sur le marché, «ses» doses, va en produire pour la concurrence (non sans se sucrer au passage, on imagine). Alors, pas touche à Sanofi.


Bref, amie lecteurice, tu pourrais tuer père, mère, pépé, bébé et même le chien, si tu as quelques millions de vaccins sous le coude, t’inquiète : au plus on te fera les gros yeux. Avec une seringue plantée dans l’un et un cache sur l’autre, car tes accrocs  à l’éthique ne sauraient peser davantage que les bienfaits que tu apportes à l’humanité.

 

 

 

 

UN “VARIANT FRANCOPHONE” DU VIRUS?

15 janvier 2021

 

Question aux expert·es: existerait-il un variant francophone du virus, qui expliquerait pourquoi le masque est systématiquement porté à la RTBF comme sur RTL et pas à la VRT, radio-télé publique flamande, comme on peut le voir sur cette capture d’écran de l’émission de débat quotidien De Afspraak, datant du 14 janvier 2021?
Chaque jour, trois invité·es en plateau pour décortiquer durant une heure (une heure trente d’info quotidienne en prime time télé, si on compte aussi TerZake – coucou la RTBF), chacun·e ayant le temps de postillonner… pardon, de s’exprimer, durant plus de deux minutes (coucou l’émission dominicale de RTL), sur des sujets d’actualité, qu’elle soit belge ou étrangère, politique, sportive ou culturelle. Les distances semblent respectées, mais de masque, point (ce qui facilite la compréhension de ce qui se dit pour les personnes malentendantes).
Est-ce vraiment irresponsable…? Que pense Marc Van Ranst (qui passe régulièrement dans l’émission)? On échappe en tout cas ainsi à la pénible vision de ces journalistes et interviewé·es qui ne cessent de tripoter leur masque (ce qui est rigoureusement déconseillé), et encore, heureusement, les présentateurs/trices du JT de la RTBF ont cessé leur cours pédagogique sur le thème “nous sommes maintenant deux en studio, je mets mon masque (sourire rapide avant qu’il disparaisse sous le tissu)… Quentin, parlez-nous maintenant de cette tuerieMerci Quentin… j’enlève mon masque… (sourire) “.
Cette différence entre le Nord et le Sud du pays ne cesse d’étonner. J’y pensais encore hier en entendant Jean Castex justifier le couvre-feu à 18h par l’efficacité démontrée de deux heures de vie sociale en moins. Rappelons qu’en Belgique, le couvre-feu est à 22h en Wallonie et à Bruxelles, et à minuit en Flandre. Si les effets d’une différence de deux heures sont démontrées, ne devrions-nous les constater chez nous? Ce qui ne semble pas être le cas.
Il est vrai que 18h ce n’est pas 22h, cela revient pour de bon à réduire la vie sociale au fameux “métro boulot dodo”. Et au fait, ceux (masculin volontaire) qui ont pris cette décision ont-ils pensé un seul instant aux conséquences genrées d’une telle décision? En effet, qui va majoritairement chercher les enfants à la crèche ou à l’école, qui se charge des courses quotidiennes? Sur qui ces restrictions vont-elles peser le plus, ne serait-ce qu’au niveau de la charge mentale…? On fera sans doute des études… après.

 

 

 

 

MIRACLE DE NOËL: LES “EXCUSES” DE VANDENBROUCKE

25 décembre 2020

 

Noël est un moment propice aux miracles, et cette année n’a pas fait exception à la règle: Frank Vandenbroucke a présenté des excuses.
Eh oui, il était vraiment, vraiment hyper désolé que les enfants de moins de douze ans soient compris dans le décompte des hôtes ou des invité.es de ce réveillon de Noël, ce qui restreignait sérieusement la possibilité de passer un réveillon un brin familial, du moins pour celles et ceux qui comptaient (ou déclaraient) respecter scrupuleusement les consignes.
Mais comme c’est quand même Frank Vandenbroucke, ses excuses étaient assorties d’une bonne dose de culpabilisation des gens qui n’avaient pas bien lu les consignes: “Je comprends que les gens soient dévastés s’ils n’avaient pas compris cela“, a-t-il déclaré. Car selon lui, c’était “très clair” sur le site internet du gouvernement fédéral depuis le début du mois de novembre. “Les gens parlent de ‘personnes’. Les enfants sont aussi des personnes. Ce n’est que pour l’extérieur qu’une exception est faite pour les enfants. Si vous vous promenez dehors, nous ne comptons pas les enfants de moins de 12 ans.”
Autant de clarté avait en effet de quoi éblouir. Petit retour en arrière : le 30 novembre, le Soir publiait un article reprenant des propos d’Yves Van Laethem. Ce n’est pas un rigolo, Yves Van Laethem (en dehors de son célèbre sketch “comment accueillir des invités chez vous  et rabattre le couvercle des toilettes avant de tirer la chasse”), et voici ce qu’il rappelait des consignes officielles (qu’il critiquait par ailleurs): “Un couple peut recevoir une personne, une personne isolée peut en recevoir deux. Cela fait trois personnes hors enfants des deux côtés“. Vous avez bien lu: “hors enfants”.

Et par ailleurs, l’article vaut la peine d’être lu, pour cet autre passage où Yves Van Laethem déclare que “aucun modèle universitaire ne démontre que deux personnes en plus à Noël allait tout changer.(…) Autoriser deux personnes en plus n’aurait pas fait vaciller les chiffres ni dérailler le train. Mais psychologiquement, ça aurait été bien mieux reçu par la population“.
Rassure-toi donc, pauvre plouquette qui, pour respecter les consignes t’es privée d’inviter ta copine, mère solo comme toi : tu n’étais pas seule à ne pas avoir compris la pensée vandenbrouckienne, ni le porte-parole interfédéral de la lutte anti Covid (car c’est le titre officiel d’Yves Van Laethem), ni le Soir n’ont été plus futés que toi.

Ce texte est dédié à cette mère solo qui a commenté sur Facebook, mi-ironique mi-désolée : « Eh bien, je réveillonnerai au téléphone avec SOS Solitude »…

 

 

 

 

NOËL CHEZ LES EMER

22 décembre 2020

 

Comme dans beaucoup de familles, d’Ostende à Virton et de Molenbeek à Waterloo, ça discute ferme chez les Emer sur le thème : qui partagera notre table ce 24 décembre….?

– Dis p’pa, je peux inviter des copains à Noël… ? Puisqu’au nouvel an on ne pourra pas…
– Mais oui Louis-Georges, tu sais bien, tu peux inviter un copain.
– Non, je veux dire : plusieurs copains… ? Un copain, c’est nul. Je vais me mettre tous les autres à dos.
– Allez mon grand, on en a déjà parlé, je croyais que tonton Frank te l’avait expliqué : un copain, et sois content, tu as le choix.
– Tonton Frank, il est même pas de la famille…
– Mais tonton Alexander dit pareil. Et Jan, Elio, Rudi… ils sont tous d’accord.
– C’est pas juste. Si je vivais seul, je pourrais inviter deux copains.
– T’as raison, c’est pas juste que tes parents soient toujours en vie. Peut-être pas pour longtemps, d’ailleurs, si tu fais le malin. T’as bien vu la tête du voisin, toujours à sa fenêtre ? Je parie qu’il connaît par coeur le numéro de la police. Tu devines la suite.
– Mais tu piges pas, p’pa. Si j’invite pas Pierre-Yves, David et Willy, qui font partie de ma bande, ils me passeront même plus leurs notes de cours. Si j’invite pas Valérie, je me ferai encore traiter de sexiste. Et si j’invite pas Denis, je me serai fait un ennemi à vie…
– Mais tu détestes Denis.
– Oui, mais il a la moitié de la classe avec lui.
– Bon, gamin, je crois qu’il va encore falloir faire intervenir tes belles-mères.

(Toute ressemblance avec des personnages existants ne serait que pure coïncidence)

 

 

 

 

MESSAGES CONTRADICTOIRES

19 décembre 2020


18 décembre, Comité de Concertation, pas de nouvelles mesures, juste crac dedans, fini de rigoler, on va renforcer les contrôles, vous avez rempli votre formulaire ? Respecté la quarantaine ? Tourné sept fois l’écouvillon dans votre nez ? Et qui a utilisé vos toilettes à Noël… ?
Avant, pendant ou après les infos, place aux messages contradictoires.

On vous déconseille fortement de voyager. Oui mais, cette magnifique pub pour la Guadeloupe à prix cassé….
On vous conjure de vous en tenir à un réveillon ascétique. Oui, mais toutes ces promos de dindes, de homards, de cadeaux à offrir… comment ? A distance ? Par des cyclistes surexploités, qui déposeront un beau paquet devant le seuil de vos proches, et avant 22h, ou minuit, selon le numéro de la rue de la commune de la région  ? Bon, ceux-là au moins seront trop crevés pour participer à des lockdown parties…

On vous rappelle que l’avenir dépend de chacun de vos comportements, oui toi et toi et toi, mais pas toi, le footballeur qui saute dans les bras de ton équipier après le goal, qui tape des mains après la rencontre, qui es un tel vecteur de contamination que plusieurs matchs doivent être remis car trop de cas positifs dans certaines équipes.

On insiste que le télétravail est obligatoire, oui pour toi et toi et toi aussi, mais pas toi qui peux organiser des réunions en présentiel, genre Conseil européen, Comité de Concertation, et même, en modèle français, inviter dix personnages importants à l’Elysée pour une petite bouffe (à Noël en France c’est 6 adultes max, mais bon on n’est pas le soir de Noël), et pas de chance, c’est l’hôte des lieux, Macron lui-même, qui s’est pris le virus qui rôdait ! Bon, décider du sort des autres, c’est pas aussi gai par Zoom, mais ça c’est vrai aussi dans les entreprises ou les associations. Mais là, crac ! Contrôles !

Bref, il y a ce qu’on nous dit, puis il y a ce qu’on entend, ce qu’on voit…

Et tiens tant qu’on y est : l’égalité hommes/femmes, vous savez bien, une de nos valeurs sacrées… ? Malgré les discours, malgré les quotas, on constate ce qu’il en est en réalité, où se trouve le pouvoir. Aussi bien ce Comité de Concertation que le dîner contaminant à l’Elysée, quels magnifiques exemples de « boys clubs », de non mixité… qui ne donnera pas lieu à de furieuses cartes blanches contre l’entre soi, comme ce fut le cas dans une histoire récente (voir le Postillon précédent).

 

 

 

 

DU CUL, DU CULTE, DU CULTUREL

11 décembre

Grâce au Conseil d’Etat saisi par des membres de la communauté juive, ouf, il pourra y avoir des messes de minuit à Noël !
Enfin bon, pas à minuit (et peut-être pas forcément à Noël).
Mais quand même, une messe en présentiel, c’est plus crédible qu’un zoom, alors qu’on ne sait rien de l’équipement céleste. Si ça se trouve? là haut, ils en sont encore à la minicassette et au téléphone fixe !
Mais, demanderez-vous, d’où vient cette limite de 15 personnes présentes… ? 15 comme… les nniistres au fédéral ? 15 comme…. les membres de la famille royale éparpillés dans Sainte-Gudule ?
Mystère ! A moins que la réponse soit toute lacanienne : 15 + 1, le prêtre, ça fait, ça fait ? (allez, Frank Vandenbroucke, aidez-nous). Voilà, ça fait 16. Et alors ? Eh bien alors : une messe à 16. Répétez après moi : « une messe à seize… à seize… ascèse… » Ascèse ! Si ça, ce n’est pas un message subliminal à faire passer !

Cependant, une autre question me vient. Après tout, une messe, c’est la communion autour d’un texte que l’assistance connaît déjà. Alors, pourquoi ne pas donner la même possibilité aux théâtres ? Quelle différence, en termes d’émission de gouttelettes fatales, entre « Notre père qui êtes aux cieux… », et « Balance ton quoi », « Thérèse n’est pas moche, elle a un physique difficile » ou encore « Etre ou ne pas être ? » Telle est ma question.

NB : Et il est où, le cul annoncé en titre… ? Ça, c’était seulement pour attirer votre attention et vous motiver à lire mon billet.

 

 

 

 

PAS UN ROND POUR LE COVID-THON

6 décembre 2020

 

Tiens, est-ce moi qui fais erreur, où il n’eut vraiment en cette maudite année 2020 nul Covid-thon, ni de Tournée des E(i)ntubés, de Télé(c)vi(d) ou de Viva for Corona ?

Pas de petite Josette vidant sa tirelire sous l’oeil humide des caméras, pas de défis fous lancés aux journalistes de vivre trois jours entiers sans respirateur, pas de promos d’artistes-sponsors ni de pubs de banques qui soutiennent l’opération à fond (plus qu’à fonds) ?

Pourtant, les histoires (réellement) déchirantes ne manquaient pas, il aurait suffi de planter un micro dans un hôpital surchargé, une maison de repos privée de visites, la devanture d’un restaurant “A vendre”…

Mais non, rien de tout cela, quelques initiatives individuelles comme cet Anglais de 99 ans qui a récolté plus de 20 millions de livres pour les soignants en faisant des tours de jardin (on se demande ce qui passe par la tête des gens qui, pour soutenir une cause, ont besoin qu’un vieil homme réalise dix longueurs dans son jardin avec son déambulateur. On espère au moins que la marche et la cause ont fait du bien à sa santé à lui).

Mais globalement, ce sont des institutions qui ont largement ouvert des crédits, et des firmes privées qui ont massivement investi dans un marché plus que prometteur. Et boum ! En moins de temps qu’il n’en faut pour mettre sur pied un gouvernement en Belgique, “il” est là, ou plutôt “ils” sont là, les petits vaccins qui feront la joie des grands et des petits… pardon, je me trompe de pub.

Tout ça pour dire qu’on peut et qu’il est même important de construire des solidarités locales, à taille humaines, pour améliorer le sort de personnes atteintes d’un handicap, d’une maladie, d’une catastrophe plus ou moins naturelle;

mais c’est bien aux pouvoirs publics de servir d’aiguillon, à défaut de devenir acteurs eux-mêmes, dans la lutte contre les grands fléaux, que ce soit un virus ou la grande pauvreté.

 

 

 

 

PARLEZ-VOUS COVID ?

26 novembre 2020

 

L’Académe française aura du mal à suivre, mais il faut bien constater à quel point le COVID a changé le sens des mots et des expressions les plus familières.

Ainsi désormais, “passer un savon à quelqu’un” revient à lui sauver la vie. Inversement, “faire du bouche à bouche” peut être considéré comme une tentative de meurtre.

Avancer masqué” ne se réfère plus à l’hypocrisie, mais à la responsabilité sociale.

Ça se voit comme le nez au milieu de la figure” n’évoque plus une évidence, mais une incivilité.

Se serrer les coudes” n’est plus un signe de solidarité, mais une menace (surtout si on a toussé dedans).

Enfin, si vous vous méfiez de quelqu’un, inutile de “se regarder en chiens de faïence“. Il suffira de “se regarder en humains sous Covid-19“.

Mis à jour (Dimanche, 28 Février 2021 10:52)