Revue Nouvelle : un "mauvais procès" ?

Je vous livre ici un échange de courriels avec la Revue Nouvelle, qui publie en ce mois de décembre un dossier consacré aux rapports compliqués du féminisme et de la laïcité. Il faut bien constater qu'en féminisme c'est comme en grammaire, le masculin l'emporte. La « Domination masculine » a plus de chances de se faire entendre sous la plume (Bourdieu) ou la caméra (Patric Jean) d'un homme que dans l'analyse pourtant combien acérée d'une Christine Delphy (« L'ennemi principal »).

Voici donc cet échange :

D'Irène à la Revue Nouvelle, 20/12/2012 :

Découvrant le sommaire de votre numéro de décembre 2012, je m'étonne que le dossier central, consacré au thème "Laïcité et féminisme : le malentendu ?" laisse aussi peu de place aux féministes elles-mêmes et plus généralement d'ailleurs aux femmes. Une auteure pour quatre rédacteurs : vous avez fait fort. Ainsi donc, même pour un sujet où elles sont les premières concernées, les femmes n'ont pas la parole : mieux vaut laisser les choses sérieuses aux hommes.

Je crois me souvenir que vous avez contacté en dernière minute une association féministe pour lui demander une contribution dans la semaine, ce qui n'a pas été possible. C'est dire que vous n'avez pas pensé à les intégrer dès la conception du dossier.

C'est malheureusement une habitude que d'"oublier" les femmes. S'il y a un "malentendu" entre laïcité et féminisme, il y a certainement un gros "problème" entre le féminisme et les médias.

Veuillez agréer l'expression de ma consternation la plus sincère,

 

Réponse de Joëlle Kwaschin, rédactrice en chef, 28/12/2012 :

Vous nous faites là un bien mauvais procès. Véronique Degraef qui avait été associée à ce dossier et devait y écrire à malheureusement été empêchée de le faire en raison d'un accident.

 

Et ce même jour, ma réaction :

Merci pour votre réponse, même si elle ne me convainc pas. Je persiste à penser que les femmes en général et les féministes en particulier sont le mieux placées pour parler du féminisme, y compris ses contradictions, tout simplement parce qu'elles ont davantage réfléchi et travaillé dessus. De plus sur ce sujet, qui concerne de près les féministes musulmanes (et dont on parle dans le dossier), la parole ne leur est jamais donnée.