Poilue mais pas édentée

Quand je ne ris pas de vos blagues sur les blondes, c'est parce que je manque d'humour. Quand je m'étonne que vous n'ayez pas, en parallèle, un recueil de plaisanteries sur la stupidité des chauves ou la violence des couillus, c'est parce que je déteste les hommes. Quand je m'offusque qu'on traite une femme de pute, c'est que je suis coincée, mal baisée – pourtant ce n'est pas que je méprise les putes, c'est que je sais que ceux qui traitent les femmes de putes méprisent et les putes et les femmes en général. Si je je ne supporte pas qu'on dise d'une femme qu'est « bonne » (ce qui est si différent d'un homme « bon »), c'est parce que je suis vieille, qu'aujourd'hui on ne parle plus comme de mon temps, on ne dit pas qu'une femme est charmante, intelligente, drôle – ce que, d'ailleurs, on ne disait pas tellement non plus de « mon temps ». Si je râle d'entendre tous ces experts et « responsables » 100% masculins, pérorant au nom de l'humanité alors que, si exceptionnellement il y a une majorité de femmes, leurs avis sont présentés comme « un regard féminin sur... », c'est que je suis hargneuse, jalouse ou même, si je suggère quota et mesures anti-discrimination, que je méprise les femmes parce que je ne les crois pas capable de s'imposer par leurs seuls « mérites ». Bref, tout ça, c'est parce que je suis féministe. Eh bien oui, en effet : je suis une vieille féministe, moche, hargneuse, dépourvue de tout humour. Et poilue. Mais pas édentée. Je n'ai donc pas fini de mordre !

Mis à jour (Samedi, 22 Juin 2013 14:45)